jeudi 30 novembre 2017

Bilan et fin du mois de Grégory Da Rosa







Avant de dresser l'habituel bilan ITV / Chroniques de fin de mois, nous tenions à remercier chaleureusement Grégory pour son implication et la qualité de ses réponses qui nous ont tous bluffés il faut le reconnaître. Merci également aux Éditions Mnémos qui nous ont suivi sans hésiter dans cette aventure. Et merci aux blogueurs participants sans qui ces mois2 n'existeraient pas !



LES INTERVIEWS



LES CHRONIQUES













Le mot de la fin de Grégory :


J’aimerais, pour conclure ce « mois de », vous entrainer un peu plus encore dedans ma tête ! Pourquoi ? Car vos questions, souvent, sont allées farfouiller dans mon passé, dans ce qui fait qu’aujourd’hui Sénéchal existe. Il y a eu, bien sûr, moult œuvres littéraires qui ont influencé la rédaction du roman. Mais vos questions, que ce soit Olivier avec le genre Cape et Epée, Ramettes avec ses questions sur mes jeux d’enfants, Marc Ang-Cho et Bouchon sur mes lectures, oui, vos questions, disais-je, n’ont pas seulement servi à assouvir votre curiosité (curiosité qui me ravit, par ailleurs). Non, elles ont aussi été utiles pour moi, pour que je comprenne mieux encore les chemins, parfois minuscules, parfois tortueux, qui m’ont mené jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, je dois dire que l’écriture est sans doute l’activité qui m’a permis de mêler au mieux toutes mes passions en même temps : la musique, la danse, le théâtre.

Car écrire, c’est faire de la musique en silence. Ecrire, c’est faire danser les mots, parfois dans des chorégraphies insensées. Ecrire, c’est faire jouer ses personnages sur la scène que l’on souhaite. Il y a du rythme, de la mise en scène, du jeu d’acteur, de la musicalité, de la théâtralité, du mouvement, solitaire ou d’ensemble, dans un roman.


J’ai donc envie que cette conclusion soit musicale, et qu’elle vous entraine un peu plus dans mon moi, un brin disparate, un brin inconstant, mais surtout en mouvement !


Aussi voilà l’une des musiques sur laquelle j’ai déjà dansé sur une scène rennaise, caenaise et mancelle. De la danse contemporaine sur un tango :




Voilà aussi, en changeant complètement de registre, le genre de musique que j’écoute lorsque je veux donner à mes personnages le ton aristocratique, le verbe haut, la grandeur et la petitesse, la fatalité, et les insérer tous dans la valse folle et théâtrale de mes mots :





On change encore ! Et encore ! Et complètement ! Cette fois-ci, focus sur la violence et le sang, l’épique et l’immensité qui se déchainent lors des scènes de bataille et/ou de magie :




Puis, en toute fin et en bonus, voilà la musique qui, depuis quelques temps, titille mes oreilles et dessine dans ma tête les contours du prochain roman. Un roman qui aura le goût du sable et de l’eau salée, le bruit des vagues et des voiles qui se gonflent, la terreur du vide et du néant, la folie du pouvoir, le destin et la rage des peuples, le vertige de l’immensité, l’origine et l’avenir du monde :




Un énorme merci à vous ! Merci pour votre soutien, votre intérêt, votre engouement, votre curiosité, votre amour pour l’imaginaire ! Puisse ce dernier vous accompagner encore longtemps !

A bientôt ! "

mercredi 29 novembre 2017

D'OMBRE ET DE SILENCE de Karine Giebel





Éditions Belfond
280 pages
16 euros



4ème de couv :

« Partir sans lui dire au revoir. 
Parce que je me sens incapable d’affronter ses larmes ou de retenir les miennes.
L’abandonner à son sort.
Parce que je n’ai plus le choix.
Je m’appelle Aleyna, j’ai 17 ans.
Aleyna, ça veut dire - éclat de lumière.
J’ai souvent détesté ma vie.
Je n’ai rien construit, à part un cimetière pour mes rêves.
Là au moins, on ne pourra pas me les voler. »

D'ombre et de silence réunit 8 textes, dont certains inédits ou très confidentiels.





Ma lecture du précédent roman de Karine Giebel remonte à mars 2016. Presque 18 mois que je n'avais pas eu ma dose ! Inutile de vous dire que je me suis ruée sur sa nouvelle parution malgré l'affreux gros mot sur la couverture, sous le titre : Nouvelles ! Rha ! Je n'aime pas trop les nouvelles, la plupart du temps elles me frustrent. Mais bon, j'étais en manque alors...

Et alors ? Et bien, résultat des courses : frustrée je suis. Huit fois frustrée même ! Parce que cette auteur a la faculté de m'attacher à ses personnages en quelques pages seulement. On démarre une nouvelle et on est pris dans l'engrenage. Les mots tapent, les phrasent frappent. Notre coeur se serre, ou on stresse, voire les deux, mais inexorablement on poursuit, maso que nous sommes. Et comme souvent Karine dénonce, les violences faites aux femmes, les abus de pouvoir, les erreurs de justice...

Aleyna :
Une jeune turque de 17 ans, bien intégrée, qui vient d'apprendre qu'elle est promise en mariage. Elle ne l'a jamais vu, il est bien plus âgé qu'elle, il va venir de Turquie cet été pour la chercher. Le poids des coutumes, la violence familiale qui en découle. Elle fait mal celle-ci, car elle est à la fois tellement véridique et tellement ignorée alors que ça se passe partout autour de nous...

Aurore :
L'auteur y dénonce la maltraitance scolaire, le harcèlement physique et psychologique qui existe au sein des collèges/lycées. En accentuant le trait, oh si peu. En exacerbant les conséquences à l’extrême. Elle frappe fort et m'a beaucoup remuée cette nouvelle.

Ce que les blessures laissent au fond des yeux :
La plus grosse des nouvelles en terme de nombre de pages, la plus grosse également en terme d'impact psychologique. Elle m'a lessivée celle-ci. Avec ce texte Karine Giebel montre tout ce que l'on peut faire ou supporter par amitié, par amour pour ses enfants, c'est terrible. Et le corollaire encore plus terrible, ce que certains pourris savent et utilisent. Auraient-elles pu être sauvées par un #balancetonporc ?

J'ai appris le silence :
Une erreur judiciaire, la plus lourde des condamnations, puis 20 ans après le vrai coupable est serré. 2 ans encore pour être rejugé, acquitté et "remboursé". 22 ans de haine et largement le temps de peaufiner un plan. La vengeance dans ce qu'elle a de plus glaçant. Tout comme la chute d'ailleurs...

L'été se meurt :
Une douche froide en seulement 11 pages. Karine nous propulse dans la tête d'un psychopathe obsessionnel. Et là on pense très fort à la fausseté de l'adage "ça n'arrive qu'aux autres".

L'homme en noir :
A peine plus longue que la précédente, cette nouvelle reprend le thème de l'obsession, mais cette fois ci l'auteur remonte à la cause pour lier le tout. Terrifiantes conséquences d'un traumatisme psychologique non soigné.

L'intérieur :
Harcèlement sexuel au boulot, chantage au CDD, besoin absolu de ce job pour subvenir aux siens qui ne dépendent que d'elle : un fils ado, une soeur dans la panade. Virginie se laisse faire mais sombre après des viols répétés. La relation mère-fils est transcendée dans cette nouvelle, tellement prenante en si peu de pages. Wow, un sacré tour de force.

Le printemps de Juliette :
La plus courte des nouvelles, 8 pages seulement. Une vague d'amour pour terminer ce recueil, panser nos blessures. Je suis sidérée par la profondeur des émotions que Karine Giebel arrive à faire passer en si peu de mots. Elle reste noire cette nouvelle, entendons nous bien, on est bien loin de la romance hein ! Mais wow, que d'amour !

Voilà, je suis peut-être frustrée, mais je ne regrette absolument pas ma lecture. Et puis je dois souligner que contrairement à d'autres nouvelles, celles de Karine ne se finissent jamais en queue de poisson, nous laissant seul et désemparé comme cela arrive trop souvent. Ok, ses fins sont abruptes, rapides, surprenantes parfois, traumatisants souvent, mais toujours logiques. Karine Giebel reste encore et toujours mon auteur préféré. J'aime ses mots, sa façon de les tourner, ses phrases courtes qui percutent. Son efficacité à me toucher et à solliciter autant d'émotions en moi. J'attends avec impatience le prochain bon gros roman qu'elle nous proposera, bientôt je l'espère.


Un Thriller/Polar pour le challenge de la Licorne !


mardi 28 novembre 2017

QUAND TU DESCENDRAS DU CIEL de Gabriel Katz





Éditions du Masque
252 pages
19 euros


4ème de couv :

Et voilà, c'est encore Noël. Comme tous les ans, faute de voir décoller sa carrière de comédien raté, Benjamin Varenne enchaîne les petits boulots. Père Noël, démonstrateur, agitateur de clochette pour l'Armée du Salut... Cette fois-ci, il contrôle les sacs à l'entrée de l'Opéra de Paris, un job en apparence tranquille. En apparence.
Sauf quand on a le chic pour tomber amoureux d'une danseuse persécutée par un fan dangereusement obsessionnel, et qu'on se fait passer pour un garde du corps expérimenté pour la séduire - plus proche de Mr Bean que de Mr Bond. Benjamin va prendre ce rôle très (trop) au sérieux, et se retrouver aspiré dans un cercle infernal, des coulisses de l'Opéra jusqu'aux flamboyants palais de Venise.
Pour la tranquillité, on repassera.






Le retour de Benjamin Varenne est un événement proche de Noël que je ne raterai pour rien au monde à l'avenir. Autant le premier, N'oublie pas mon petit soulier, m'avait fait sourire, autant ce dernier m'a fait marrer du début à la fin. Comme si, pour son premier polar (enfin, à son nom je précise), l'auteur s'était retenu. Genre "il faut être sérieux dans ce monde là!". Mais chassez le naturel... Ici Gabriel Katz se lâche et franchement c'est jouissif !

Je vous refais un petit topo vite fait sur Benjamin. C'est THE comédien raté, qui attend toujours le coup de fil du producteur qui devra le lancer sous les feux de la rampe. En attendant il enchaîne les castings et les petits boulots (cf résumé). Cette année il échappe à Père Noël grâce à l'opé Vigipirate et se retrouve à fouiller les sacs à main des mamies à l'entrée de l'Opéra de Paris. Et comme il a quelques loyers en retard il a choisi l'option "jusqu'à la fermeture".

Deux ans ont passé mais Benjamin n'a pas changé, à savoir qu'il s'amourache toujours aussi vite. Et bien sûr, à la sortie des artistes "bingo" -oui, je sais, il n'y a que les vieux pour dire bingo aujourd'hui (salaud)- un joli petit rat en détresse, harcelé par un fan. Benjamin fonce... et tombe sous le charme de cette jolie silhouette gracile et de ces yeux si expressifs : Ophélie.


Avec sa casquette de vigile, il exagère à dessein l'insécurité de la demoiselle, brode, et brode tant et plus qu'il finit par devenir l'indispensable garde-du-corps d'Ophélie. Tellement qu'il va devoir aller tenir la chandelle à Venise où un autre de ses fans, une saleté de beau gosse italien pété de tunes, l'invite à passer une semaine.

Et notre Benjamin de ramer pour garder l'attention de la belle. Mais aussi de réaliser, un peu tard, que garde-du-corps est un métier plus sportif et bien plus risqué que sur sa PS4 dans son studio sous les toits de Paris.

Venez découvrir les situations rocambolesques dans lesquelles le plonge l'auteur. De sacrés fous rires, mais pas trop au point d'être saoulant. Non, le juste équilibre. Une intrigue bien adaptée au but du roman : du pur divertissement, et Gabriel Katz y excelle vraiment. Parce que son personnage de looser on l'aime bien, et pour cause, il lui prête toute sa répartie, sa tchatche et ce n'est que du bonheur.

Foncez, ne boudez pas votre plaisir. Que vous aimiez ou non le polar, si vous aimez les romans de Gabriel Katz, celui-ci ne fera pas exception.




lundi 27 novembre 2017

KAYREN Hong Kong 2017 de Fabrice Colin





Éditions PlayBac
270 pages
15 euros




Résumé :

En cette nuit de février 2017 à Hong Kong, la vie de Kayren Zhao Wan, sage employée d'accueil de la Firme, bascule. Pour éviter les représailles d’une triade contre son frère, elle va devoir assassiner un homme. Quand l’organisation enlève son fils Oriel, elle n’a plus le choix et devient une des leurs. Mais qui est à la tête de cette organisation secrète ? Et que signifient les rêves mystérieux de Kayren ? Alors qu’elle s’acquitte (trop ?) bien de ses missions, la jeune femme n’a qu’un objectif en tête : retrouver Oriel, se soustraire au chantage du Cercle Noir et échapper à son destin. 





« 6 assassins, 6 villes et 6 époques différentes. 6 raisons de tuer. Une seule cause.» Cette petite phrase sur la quatrième de couverture a de quoi susciter l'envie d'en savoir plus. L'idée me semble géniale, et en plus c'est du Fabrice colin, donc aucune inquiétude à avoir pour se lancer dans cette série qui comprendra donc six volumes.

Ce premier tome concerne Kayren Zhao Wan, une jeune femme de 20 ans qui vit une vie bien rangée à Hong Kong. Un petit garçon de 18 mois, Oriel qu'elle élève seule secondée par Lani une jeune Philippine embauchée à temps plein. Hormis l'amour qu'elle éprouve pour son fils, le reste de sa vie est aussi terne que son job : hôtesse d'accueil pour un grand groupe industriel. Le père de son fils qu'elle devait épouser a disparu du jour au lendemain, sa mère est décédée tragiquement quelques années auparavant, quant à son père, elle ne l'a jamais vu qu'occasionnellement. Des rencontres sans âme, sans chaleur... des rencontres de convenance somme toute. Ah, et puis elle a un demi-frère à peine plus jeune qu'elle, car son père s'est remarié. Mais elle le voit peu également, il trempe trop souvent dans des affaires louches.

Tout va basculer pour Kayren le jour où son frère débarque chez elle, affolé, blessé. Il ne pourra achever sa mission en temps et en heure pour la Triade, c'est un homme mort. Un déclic se fait chez elle : elle va le faire. Et elle va bel et bien se charger de tuer un homme, la cible, de sang froid. Calmement, méthodiquement, écoutant une petite voix dans sa tête qui la guide.

Mais ce faisant elle a mis le doigt dans un engrenage et va devoir suivre le mouvement si elle ne veut pas y perdre plus qu'un bras. En effet la Triade a un argument de poids pour la faire obéir : ils ont enlevé son fils. Va commencer alors pour Kayren une toute nouvelle vie, celle d'assassin. Coaching, apprentissage à la dure, et bientôt les premiers contrats.

Kayren excelle dans ce rôle sans qu'elle en sache les raisons. Elle sait, elle sent juste qu'elle est programmée pour ça. Comme elle sait qu'elle saura récupérer Oriel.

Suivre ce petit bout de bonne femme calme, posée, impassible la plupart du temps, bref toute empreinte de la sagesse asiatique fut bien plaisant. Le fait que ce roman se passe à Hong Kong n'est pas étranger au plaisir de lecture d'ailleurs car le dépaysement est au rendez-vous. Comme toujours l'écriture de Fabrice Colin est parfaite. Il nous entraîne dans ce thriller sans aucun temps mort, tout en parsemant son récit de quelques fils bien intrigants qui relieront Kayren aux tomes suivants. Voilà une série bien sympathique qui se profile pour la jeunesse (et plus...) et je suis ravie de prendre le train en marche !



samedi 25 novembre 2017

Potins de Dup # 4



On s'amuse comme on peut...
Pis il paraît que le ridicule ne tue pas, alors...

Cette envie subite m'a prise en voyant les photos que Mariejuliet postaient au moment des Utopiales... une histoire de Chtulhu quoi !

Et cela a donné ça :

D'abord une kippa 
baptisée napperon raté par Phooka :D




Après il y a eu le stade bonnet
mais je ne l'ai pas pris en photo



Ensuite la cagoule de base, un peu courte pour l'hiver
j'ai l'air con, oui, je sais...



Et au final
ben ça valait le coup d'avoir l'air con !



Vala, je vais pouvoir accueillir les moutards qui viennent sonner pour Halloween l'an prochain
Ou bien l'offrir aux Imaginales... il y a bien des auteurs ou autres concernés par le Chtulhu non ?
Qui la veut ? Elle est en coton, elle ne gratte pas !

Vu la, hum... "légèreté" du point au crochet, avec du fil gris je peux même vous faire une cotte de maille ! mdr









vendredi 24 novembre 2017

LA FIN DES MYSTERES de Scarlett Thomas




Editions Anne Carrière
490 pages
18 euros
Sortie: 09 novembre 2017



Ariel Manto n'en croit pas ses yeux quand elle tombe sur un exemplaire de La Fin des mystères dans une librairie d'occasion. Elle connaît bien son auteur, un étrange scientifique victorien, et sait que ce livre est supposé être introuvable... et maudit. L'ouvrage en sa possession, Ariel se retrouve propulsée dans une aventure mêlant foi, physique quantique, amour, mort et tout ce qu'il advient quand on les mélange de façon imprudente.







Vous cherchez un livre original et qui saura vous surprendre ? Ne cherchez plus, vous l'avez trouvé !

Pas facile d'en parler d'ailleurs car ce roman est tout aussi déroutant que réussi. Il peut à la fois séduire ou repousser. Imaginez un mélange de philosophie, de science, de religion, de sexe, d'aventure et surtout de littérature ... sous la forme d'un thriller. Oui je sais, c'est un cocktail assez étrange et encore je ne vous ai donné que quelques uns des ingrédients.

Reprenons au début: Ariel est une jeune étudiante en thèse, doublée d'une journaliste. Quand elle tient un sujet, elle ne le lâche plus. Son sujet de thèse, elle l'a trouvé un peu par hasard suite à une conférence du professeur Saul Burlem: une thèse sur les expériences de pensée à travers, entre autres,  l'un de ses auteurs favoris Thomas E. Lumas. En discutant avec le professeur après la conférence (qui ne réunissait pas grand monde), ils décident tous les deux qu'Ariel viendrait faire une thèse avec lui. Mais voilà, quelques semaines après avoir débuté sa thèse Ariel se retrouve seule. Son professeur a disparu sans laisser de trace. Mais il en faut beaucoup plus pour déstabiliser Ariel et elle continue bon gré mal gré ses recherches pour sa thèse. Par hasard, elle rentre dans une librairie et tombe sur "Le livre des mystères" de Lumas. Un livre disparu dont un seul exemplaire est connu. Un livre qui vaudrait une fortune et qu'elle paye cinquante livres. Remarquez c'est une fortune pour elle, car Ariel vit vraiment chichement et ces cinquante livres c'est tout ce qui lui restait pour finir le mois. Peu importe elle est prête à se serrer la ceinture pour pouvoir lire enfin ce livre maudit ... En effet, une malédiction semble peser sur ce livre mais personne ne sait laquelle et puis qui y croit de nos jours ? Alors Ariel commence sa lecture ...

Des expériences de pensée, son sujet de thèse ...elle va en vivre en grandeur nature et cela va s'avérer à la fois plus instructif et plus dangereux que tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Sans compter que certains aimeraient bien mettre la main sur ce fameux livre quelque soient les moyens employés pour l'obtenir ...

Je suis volontairement floue sur ce qui se passe et le "secret" du fameux livre, dans le but de vous en laisser toute la surprise. Malédiction il y a, mais pas de celles que l'on pourrait imaginer. Je vous laisse donc découvrir par vous même. 

Ce roman alterne les rythmes et les styles. De l'action, on passe rapidement à la réflexion et inversement. Les passages d'action se lisent à toute allure car le suspense est immense mais surtout l'envie de la découverte est omniprésent pendant toute la lecture à l'instar de ce que ressent l'héroïne dans ses expériences. Jusqu'où va t'elle aller? Que va t'elle découvrir de nouveau ? Entre ces passages, le rythme ralentit car le moment de la pensée est venu. Réflexion sur Dieu, la philosophie, l'art et la littérature mais aussi sur la science avec des concepts assez poussés mais expliqués par des mots et non par des équations. Et pour être honnête, il faut s'accrocher pour suivre. Et pourtant, l'effort en vaut la chandelle car la découverte est là aussi intense. Des concepts inconnus parfois, c'est un exercice de réflexion vraiment original. Ceci étant, ces passages peuvent parfois présenter quelques longueurs, voire peut-être en décourager certains, ce qui serait dommage.

Difficile donc de résumer et de parler de ce roman. C'est une sorte de thriller dans lequel plusieurs personnes cherchent à posséder un livre soit disant maudit. Ce livre permet d'accéder -ou pas- à une sorte d'autre monde, un monde de pensée. L'héroïne est une jeune femme, finalement pas très attachante, mais par contre passionnante. Elle est d'une intelligence redoutable et d'une culture impressionnante. On finit par se rendre compte que sous sa carcasse un peu "rude", c'est une femme brisée qui essaye de survivre comme elle peut. Les questions qu'elle se pose sont nombreuses et nous suivons ses raisonnements basés sur une connaissance approfondie de la littérature et de la science. Adam, un étudiant en théologie qu'elle rencontre, apportera la touche spirituelle. Le texte alterne  des scènes rapides et pleines de découvertes, avec des analyses approfondies très intéressantes mais parfois un peu longues qui vous toucheront différemment selon votre propre vécu. Le tout forme un mélange vraiment étrange et troublant, pour tout dire passionnant.

La fin des mystères n'est pas un livre comme les autres. Il a un goût différent, mais il mérite qu'on s'y essaye et qu'on s'y attarde. Il fait partie de ces livres pour lesquels il faut prendre son temps. Certains passage peuvent paraître un peu difficiles, voire un peu longs, mais il ne faut pas se décourager. Impossible de le "dévorer" et pourtant on le voudrait car l'envie de savoir est puissante. Il faut savoir être patient et persévérant car la récompense est au bout.

jeudi 23 novembre 2017

Interview de Grégory Da Rosa - 5ème volet








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— Des doléances ? m’étonnai-je, ma voix résonnant démesurément entre les piliers et les voûtes la salle du trône.

— C’est bien cela, sénéchal, confirma l’architecte Rodenteux, chevrotant.

— Mais, voyons, Jacques… Des doléances, maintenant, alors que la ville est assiégée ?

— Tout à fait, sénéchal. Deux dames de grande importance demandent audience.

— Deux dames, dites-vous ? Et qui sont-elles ? D’où viennent-elles ?

Rodenteux, qui se tenait sur les quelques marches de l’estrade, obliqua ses yeux ronds sur ma vieille personne alors que j’étais inconfortablement assis sur le faudesteuil jouxtant le trône. Il monta une marche de plus, se pencha, et murmura à mon oreille :

— Sénéchal, ces dames viennent d’un royaume étrange et étonnement puissant, gouverné par les livres, peuplé de héros, de prophéties et de mondes innombrables. L’on nomme leur royaume Book en Stock.

— Boucan Stoque ?

— Absolument, sénéchal, absolument.

— Mais où donc se situe cet étrange pays ?

— Partout et nulle part à la fois, sénéchal, m’avoua-t-il d’un timbre étrangement aigu. Et c’est bien cela qui le rend puissant ! Ce royaume tout entier voyage de monde en monde, utilisant les manuscrits pour plonger en des univers que nous ne connaissons point encore. Mais sachez en tout cas qu’elles connaissent déjà tout de nous, c’en est effrayant ! Ce jour d’hui, justement, ces deux vénérables dames ont choisi la ville de Lysimaque pour visite. Comprenez ma pensée, sénéchal. Comme nous sommes en guerre, et étant donné notre situation pour le moins… menaçante – si vous me permettez cet euphémisme – je me suis dit qu’il serait bon de ne pas dénier le soutien d’un royaume tel que celui-là…

— Je comprends, Rodenteux. Je comprends.

— Dois-je les faire entrer ?

— Bien sûr, Rodenteux, bien sûr !

Le bonhomme se redressa tout à coup, pivota en direction du portail clos, tapa deux fois dans ses mains. À ce geste, l’ours Roufos, notre bon héraut d’armes, logé dans l’angle tout au bout de la nef, ouvrit les portes et beugla pis qu’un crieur public :

— J’annonce la dame Dup, duchesse Inette ! et la dame Emma, duchesse Phooka !

Alors les deux convives apparurent sur le seuil, la première vêtue d’une longue cotardie émeraude, aux franges et brocarts verts, tandis que la seconde arborait une houppelande plus blonde qu’un champ de blé au soleil, toute brodée de fils d’or.

Je me levai incontinent, descendis les marches de l’estrade et m’approchai pour baiser la main de mes deux invitées.

— Soyez les bienvenues, mes dames, déclamai-je. Puisse le séjour en la capitale vous être agréable. Mais dites-moi, ma curiosité est piquée au vif ! De quoi souhaitez-vous m‘entretenir ? Je suis tout ouïe.

Puis, soudain confus par mon manque évident de politesse, je proposai :

— Oh ! J’oubliais, mes dames : une coupe de vin, peut-être ? Je vous rassure, point n’est-il empoisonné. Enfin… je… je ne crois pas.







Emilie Milon :

Un immense merci pour ta réponse Grégory ! Elle comble ma curiosité autant qu'elle m'est utile. C'est rassurant aussi de voir que des coups de cœurs éditoriaux existent encore parmi les auteurs francophones. Je peux te dire que ta réponse en 4 jours fait rêver !

En tout cas merci d'avoir partagé ton expérience avec tous ces détails. J'avoue que la lettre de présentation n'est pas du tout mon point fort. Déjà à l'époque des recherches de stage et d'emploi ça m'agaçait de la faire car je ne sais pas me vendre et à mes yeux le CV comptait davantage (même si oui je la personnalisais, je la soignais niveau orthographe). Même maintenant que je suis de l'autre côté de la barrière, quand j'examine des candidature je la lis à peine, juste pour mesurer les dégâts en termes de fautes. Le concret (le CV ou dans notre cas le manuscrit) m'intéresse plus que le blabla que l'on sait toujours un peu hypocrite de la présentation. D'un autre côté j'imagine aussi le genre de lettre que tu as dû joindre à ton manuscrit quand je vois ta présentation et tes réponses aux questions. Je comprends tout à fait qu'elle ait dû intriguer et séduire le comité de lecture tout de suite. Elle a dû sacrément sortir du lot !

Encore merci pour ton partage ^^


Grégory :

Bonjour Emilie,

Ravi de voir que ma réponse te plaît. J’ai farfouillé dans les méandres de ma messagerie électronique afin d’y retrouver ma lettre de présentation. Tu verras qu’elle ne brille vraiment pas par son originalité, mais en la relisant, je me suis souvenu l’avoir rédigée comme suit :
Parler de ma passion pour l’imaginaire et des œuvres qui ont façonné ma plume et mon univers.
Mettre en avant les qualités de mon roman, mes intentions, mes choix stylistiques. Qu’est ce qui le rend attractif, lui, plus qu’un autre ?
Parler à la toute fin (et fugacement) de moi et de la maison d’édition visée.

Evidemment, ce n’est pas une lettre type. Elle n’est pas le modèle à suivre absolument, mais si jamais ça peut t’aider (et/ou aider d’autres auteurs et autrices) à prendre du recul sur ta propre lettre, alors pourquoi pas ! J La voici :

« Passionné d’Histoire médiévale et de littérature de l’imaginaire, c’est tout naturellement que j’ai souhaité confronter et marier ces deux thèmes, à place et à force égales, dans ce premier tome d’une trilogie. Des œuvres monumentales en ont influencé la rédaction, comme la gouaille et la désinvolture de Benvenuto Gesufal dans Gagner la Guerre de Jean-Philippe Jaworski, l’intrigue policière du Nom de la rose d’Umberto Eco, ainsi que le vocable élégamment vieilli des romans de Pierre Naudin.

Débutant comme un livre de fantasy classique avec son lot complexe de tensions géopolitiques, le roman prend rapidement une autre tournure en plongeant peu à peu le lecteur dans l’abîme des liens qui unissent les personnages de pouvoir. Comment l’amour, la jalousie ou la vengeance peuvent-ils influer à eux seuls sur l’avenir d’un royaume tout entier ? Rien de mieux, m’a-t-il paru, qu’un climat de siège, de huis-clos, pour exploiter ces dimensions psychologiques dans un cadre où l’action est constante, haletante et inattendue. Tissée sur fond de guerre médiévale, une intrigue quasiment policière prend doucement sa place, racontée – je l’espère – par la plume noblement vieillie du personnage principal. Telles ont en tout cas été mes intentions pour la rédaction de ce livre.

Vivant actuellement à Montpellier, âgé de 26 ans, j’ai décidé de me consacrer exclusivement à l’écriture de ce roman, dont voici le premier tome. Tome que je suis prêt à soumettre à vos yeux aiguisés et à vos envies de belles lettres. Et c’est dans cette idée que vous, les éditions Mnémos, êtes mon premier choix. Je sais, en lisant fréquemment vos publications et au vu de la qualité de vos illustrations, que mon roman – si d’aventure il vous interpelle – sera entre de bonnes mains.

Je vous souhaite donc, ma dame, mon sieur, un joli voyage et vous remercie chaleureusement pour l’attention que vous porterez à ce manuscrit.

Grégory Da Rosa »



Bonjour Grégory

En tant que jeune auteur, est ce que "la vie d'auteur" correspond à ce que tu imaginais?
Qu'est ce qui t'a le plus surpris, plu ou déplu?



Grégory :


Bonjour Phooka !

La vie d’auteur… oui… en gros, ça correspond peu ou prou à ce que j’imaginais ! C’est-à-dire que rien ne change. Il y a juste ces moments fugaces de dédicace en salon, en librairie, ces diverses rencontres qui font que l’espace d’un week-end, on sait qu’on est auteur. Sinon, le reste du temps, la vie (en tout cas pour moi), n’a absolument pas changé.

De là à dire qu’il y a des choses qui me déplaisent, pas vraiment. J’ai été très étonné de faire la connaissance d’une communauté vivace et qui n’hésite pas à dire ce qu’elle pense. Une communauté que je ne connaissais pas, à dire vrai. Le grand bain (surtout les Imaginales) a été assez perturbant, et a mis ma mémoire à rude épreuve ! :D Entre retenir les éditeurs, les auteurs que je n’ai jamais lus, les blogueuses, booktubeuses, libraires, organisateurs de salon, ça a été un sacré plongeon !

L’aspect qui m’a vraiment surpris est finalement celui-là : savoir parler de son livre en salon. Et quand je dis « savoir parler de son livre », j’entends « savoir le vendre ». Ça y est, le gros mot est lancé !

Lorsqu’on débute, que son nom, ni même le nom de son roman, ne sont connus ni d’Eve ni d’Adam, il faut savoir appâter le chaland, comme on dit. Alors on se trouve des techniques. On peaufine ses discours. On se prépare des sortes de cartes de visite à donner aux visiteurs qui, même s’ils ne repartent pas avec le roman, auront une trace de nous avec eux, pour plus tard, car… on ne sait jamais ! C’est un exercice que j’ai découvert. Etant de nature assez timide et n’ayant pas pour habitude de provoquer le contact humain, c’est une expérience que j’ai eu un peu de mal à appréhender. Mais l’habitude vient, et on se prête au jeu.

Autre point : je n’avais absolument aucune idée de ce qu’on pouvait écrire pour les dédicaces. J’ai eu une peur bleue de me retrouver devant le roman, stylo en main, et de bloquer, de ne pas savoir quoi écrire pour la personne qui attend patiemment, debout, devant soi, de ne pas trouver la bonne phrase, de faire une satanée faute, de faire des pâtés, ou d’écrire une phrase qui ne veut rien dire !

Enfin, la dernière chose qui a vraiment changé, c’est que je suis passé de l’écriture « amatrice » à l’écriture plus « professionnelle ». Ainsi, lorsque j’écris, il y a maintenant comme des regards au-dessus de mon épaule qui lisent mes mots, des murmures qui commentent mes textes : les vôtres. Là où le premier tome de Sénéchal a été écrit plus pour moi que pour les autres, le deuxième a un brin changé cette vision des choses. Je sais que j’ai des lecteurs, beaucoup ou peu, qu’importe, mais j’en ai. Et il y a, en plus du contrat d’édition, comme un contrat moral avec les lecteurs. Ça ne bride pas mon imagination, ni ne modifie mon intrigue ou mes personnages, mais ça apporte à la fois un stress et une rigueur qui n’étaient pas présents pour le premier, ou pas autant. Indéniablement, c’est une expérience d’écriture on ne peut plus différente !

LES SŒURS CARMINE # 2 de Ariel Holzl



LES SOEURS CARMINE

# 2

BELLE DE GRIS


Éditions Mnémos
Collection Naos
272 pages
17 euros


Le pitch :

Trois semaines séparent Tristabelle Carmine du Grand Bal de la Reine. Trois semaines pour trouver la robe de ses rêves, un masque, une nouvelle paire d’escarpins… et aussi un moyen d’entrer au Palais. Car Tristabelle n’a pas été invitée. Mais ça, c’est un détail. Tout comme les voix dans sa tête ou cette minuscule série de meurtres qui semble lui coller aux talons.

En tout cas, elle ne compte pas rater la fête. Quitte à écumer les bas-fonds surnaturels de Grisaille, frayer avec des criminels, travailler dans une morgue ou rejoindre un culte. S’il le faut, elle ira même jusqu’à tuer demander de l’aide à sa petite sœur. Car Tristabelle Carmine est une jeune femme débrouillarde, saine et équilibrée. Ne laissez pas ses rivales ou ses admirateurs éconduits vous convaincre du contraire. Ils sont juste jaloux. Surtout les morts.

« Il faut souffrir pour être belle. Ou faire souffrir les autres, c’est encore mieux. »





J'étais impatiente de retrouver la plume et l'humour mordant de Ariel Holzl et en même temps très inquiète car je savais que ce tome 2 allait concerner Tristabelle, la soeur Carmine que j'ai le moins apprécié dans le tome précédent.

Ariel Holzl attaque bille en tête en nous faisant partager d'emblée les pensées de Trista. Mieux, de temps en temps, elle s'adresse carrément à nous. Nous reprochant de la délaisser lorsqu'un paragraphe ou un chapitre concerne Merry ou Dolorine (on la croise très peu Dolorine, bouh !) un autre personnage. Et Tristabelle reste pareille à l'image que je m'en étais faite : dé-tes-ta-ble, mais délicieusement détestable. C'est là le tour de force de l'auteur car il accentue le trait, joue de son humour et de ses jeux de mots si fins, que c'est un plaisir de la détester !

Tristabelle est dans tous ses états : dans trois semaines va avoir lieu le Grand Bal de la Reine au cours duquel celle-ci va choisir sa nouvelle dame de compagnie. Il lui reste donc trois semaines pour se dégoter une invitation, se trouver une robe digne de ce nom pour la mettre en valeur, ainsi que des chaussures qui vont avec, é-vi-dem-ment. Mais aussi un plan pour éliminer toutes ses rivales. Dans son esprit fertile et encombré de plusieurs personnalités fuse une kyrielle de solutions qu'elle s'empresse de mettre en place.

Oh, et puis, il lui arrive une sacrée tuile parallèlement. Une modification certaine et pour le moins incongrue de sa somptueuse chevelure rousse dont elle est si fière. Il va falloir qu'elle mène l'enquête et pour ce faire, savoir qui est son géniteur, quitte à menacer sa mère de prendre la pilule du non-lendemain !

La suivre au début dans ses plans rocambolesques a été d'abord crispant, je guettais les passages avec Merry qui me reposaient du tourbillon de crinoline et de vitupérations de son aînée. Mais très très vite on se prend au jeu. Que va-t'elle encore inventer ? Comment va-t'elle se sortir de telle situation ? J'ai même eu pitié d'elle en découvrant son géniteur !

Et cet inspecteur royal qui lui colle aux basques, n'aurait-il pas tout-à-fait raison ? Mon Dieu comme elle le bouscule ! Elle est d'une impertinence rare, franchement personne n'arrive à avoir le dernier mot avec elle, pas même Ariel ! Ses réparties, même si elles sont entièrement centrées sur sa personne font mouche à chaque fois. Je me suis prise au jeu de l'auteur et j'ai franchement adoré la détester. 

Je peux vous dire qu'il fait fort, très fort l'auteur. Car cette Tristabelle est au départ un concentré de tout ce qui peut m'exaspérer chez un personnage : elle est froide, hautaine et avec un coeur de pierre. Elle est prête à tout pour arriver à ses fins, quitte à se servir et/ou écraser ceux qui sont sur son chemin. Et peu importe que ce soit sa famille, ses amis, ses soupirants. Elle est tellement, mais tellement sûre d'elle même !! Mais Ariel Holzl sait en jouer, la met dans des situations où son aplomb est franchement hilarant. Il force le trait et finalement nous fait une caricature acide et délicieuse. Cet homme là a dû être élevé au milieu d'une tripotée de soeurs pour connaître si bien les travers féminins !

Ne boudez pas votre plaisir, venez découvrir la fantasy urbaine de Ariel Holzl et voir comment une faible femme (mdr) tient tête à n'importe quelle espèce : vampire, loup-garous and co (et il y en a beaucoup dans ce "and co").  Un final en apothéose -et sans cliffhanger- me fait dire que nous avons là un nouvel auteur qui domine bien son affaire. C'est juste énorme ce dernier chapitre ! Pour tout vous dire, j'espère franchement qu'on continuera à la suivre dans le tome 3 notre Tristabelle, même si celui-ci doit concerner Dolorine. 
Et comme j'ai adoré Dolorine au tome précédent et qu'elle était bien en retrait ici, j'ai vraiment hâte !




mardi 21 novembre 2017

Interview de Grégory Da Rosa - 4ème volet








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— Des doléances ? m’étonnai-je, ma voix résonnant démesurément entre les piliers et les voûtes la salle du trône.

— C’est bien cela, sénéchal, confirma l’architecte Rodenteux, chevrotant.

— Mais, voyons, Jacques… Des doléances, maintenant, alors que la ville est assiégée ?

— Tout à fait, sénéchal. Deux dames de grande importance demandent audience.

— Deux dames, dites-vous ? Et qui sont-elles ? D’où viennent-elles ?

Rodenteux, qui se tenait sur les quelques marches de l’estrade, obliqua ses yeux ronds sur ma vieille personne alors que j’étais inconfortablement assis sur le faudesteuil jouxtant le trône. Il monta une marche de plus, se pencha, et murmura à mon oreille :

— Sénéchal, ces dames viennent d’un royaume étrange et étonnement puissant, gouverné par les livres, peuplé de héros, de prophéties et de mondes innombrables. L’on nomme leur royaume Book en Stock.

— Boucan Stoque ?

— Absolument, sénéchal, absolument.

— Mais où donc se situe cet étrange pays ?

— Partout et nulle part à la fois, sénéchal, m’avoua-t-il d’un timbre étrangement aigu. Et c’est bien cela qui le rend puissant ! Ce royaume tout entier voyage de monde en monde, utilisant les manuscrits pour plonger en des univers que nous ne connaissons point encore. Mais sachez en tout cas qu’elles connaissent déjà tout de nous, c’en est effrayant ! Ce jour d’hui, justement, ces deux vénérables dames ont choisi la ville de Lysimaque pour visite. Comprenez ma pensée, sénéchal. Comme nous sommes en guerre, et étant donné notre situation pour le moins… menaçante – si vous me permettez cet euphémisme – je me suis dit qu’il serait bon de ne pas dénier le soutien d’un royaume tel que celui-là…

— Je comprends, Rodenteux. Je comprends.

— Dois-je les faire entrer ?

— Bien sûr, Rodenteux, bien sûr !

Le bonhomme se redressa tout à coup, pivota en direction du portail clos, tapa deux fois dans ses mains. À ce geste, l’ours Roufos, notre bon héraut d’armes, logé dans l’angle tout au bout de la nef, ouvrit les portes et beugla pis qu’un crieur public :

— J’annonce la dame Dup, duchesse Inette ! et la dame Emma, duchesse Phooka !

Alors les deux convives apparurent sur le seuil, la première vêtue d’une longue cotardie émeraude, aux franges et brocarts verts, tandis que la seconde arborait une houppelande plus blonde qu’un champ de blé au soleil, toute brodée de fils d’or.

Je me levai incontinent, descendis les marches de l’estrade et m’approchai pour baiser la main de mes deux invitées.

— Soyez les bienvenues, mes dames, déclamai-je. Puisse le séjour en la capitale vous être agréable. Mais dites-moi, ma curiosité est piquée au vif ! De quoi souhaitez-vous m‘entretenir ? Je suis tout ouïe.

Puis, soudain confus par mon manque évident de politesse, je proposai :

— Oh ! J’oubliais, mes dames : une coupe de vin, peut-être ? Je vous rassure, point n’est-il empoisonné. Enfin… je… je ne crois pas.



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Phooka :

Coucou Gregory
Tu sais à quel point j'ai aimé Sénéchal alors je ne reviendrais pas là dessus, non,non. A la place je vais te poser une question à la con (je suis spécialiste faut dire! =D)
Page 226 de ton roman, dans les dernières lignes du chapitre, notre bon vieux Sénéchal decend de cheval et tu écris:
"M'appuyant sur l'encolure de mon cheval,je balançai ma jambe gauche au-dessus de sa croupe pour descendre, mon pied droit encore dans l'étrier"
est ce à dire qu'à Lysimaque, on ne suit pas les règles classiques d'équitation? (C'est à dire descendre à gauche? https://fr.wikihow.com/descendre-de-cheval).
Est ce que le Sénéchal porte son épée à droite du coup?
Il est donc gaucher?
Je suis sûre que tu vas nous faire une belle pirouette (à cheval) pour te sortir de ce guêpier! :)
bises
Emma


Grégory :


Bonjour Emma !



J’ai ri en lisant ta question, il faut bien l’avouer ! J’ai eu l’idée, fugace, de trouver une parade au piège infâme que tu me lances. Mais, allons, soyons francs, voilà ce que l’on appelle dans le langage soutenu de la noblesse méronnienne : une grosse boulette.



Et il n’y a certainement pas que celle-là, en plus !



Vois-tu, c’est le genre de détail que l’on écrit vitesse grand V, persuadé que ce que l’on écrit est vraisemblable, juste, si bien qu’on ne se pose aucune question, tout pressé que l’on est à vouloir écrire la suite qui, elle, est plus intéressante (ici, il s’agissait de la petite enquête sur la disparition des éclaireurs et de leur famille, que j’ai pris plaisir à écrire). Je me souviens de la rédaction de ce passage. Et je me souviens surtout avoir imaginé la scène : Philippe arrivant à cheval sur le Place des Courpattes, les habitations étant sur sa droite… la connexion logique est rapidement faite. Bim, bam, boom, il descend à droite, quoi de plus logique ? Et… ça s’arrête là, je ne me suis même pas posé de question sur la cohérence de mon propos. Une erreur grossière de ma part. Sans compter que la seule fois où je suis monté sur une selle, c’était lorsque j’avais 7 ans et c’était sur un poney qui tournait autour d’une sorte de gros cabestan lors d’une foire de Champagne. Ce qui est impardonnable. Je mériterais d’être fouetté par la foule en délire lors du prochain salon, tout en hurlant à plein poumon « Pardon, pardon ! » au monde équestre que j’ai si ignoblement bafoué.



Le plus grave dans tout ça, c’est que même après mes 13 452 relectures et corrections (en plus de celles de mes beta-lecteurs qui, pour certains, font de l’équitation ! :D ), cette grossière erreur est passée sous le nez de tous. Ah, la gourgandine !



Ainsi, ma réponse est la suivante : Non, Philippe n’est pas gaucher. Seul son auteur a eu la gaucherie de ne pas vérifier ce qu’il écrivait…



Et ce n’est pas la seule erreur, disais-je… Mais comme je ne vais pas donner le bâton pour me faire battre, je n’évoquerai pas les autres, évidemment… !



C’est ce qui arrive quand on travaille énormément sur le même texte. Au bout d’un moment, on ne le voit plus, on ne le lit plus, on le récite. Pour ma part, j’avais beau me persuader que je le relisais pour le corriger, je sais qu’à force, il s’agissait bien plus d’une récitation que d’une relecture… Je dois donc te présenter mes plus plates excuses. Promis, ça ne se reproduira plus !





Fiou, vu la façon dont tu décortiques tes lectures, tu nous ferais de sacrées chroniques dis donc ! Mais non, s'il-te-plait, ne perds pas de temps ainsi et consacre toi à ce futur Lysimaque...SURPRISE !

Je cherche toujours un terme pour qualifier ton tome 2 supérieur au coup de coeur de tome 1. Une idée ?

Sinon, connaissant les émoluments qui reviennent à l'auteur d'une part et sachant que tu es au début de ta carrière d'écrivain d'autre part, j'aimerai te demander quel est ton second métier, celui dit alimentaire ?
Grégory :

Bonjour Dup !

En ce moment, je travaille avec Paul, dit Pôle Emploi... Mon dernier CDD en date s’est terminé début septembre. J’étais assistant d’éducation en collège (Surveillant, en gros. Ou Pion, pour être vulgaire, TRÈS vulgaire).

Ce qui fait que j’ai un peu plus de temps pour écrire même si, je dois bien l’avouer, je suis bien loin de rouler sur l’or et qu’il me faut donc retrouver quelque chose, et fissa ! Sans compter que je n’ai pas vraiment de projet professionnel, alors je gage que j’irai encore là où le vent me portera. J’ai déjà été caissier en supérette (ou employé polyvalent de libre-service, si l’on veut être un peu moins grossier), concierge, animateur commercial, etc. À présent, on peut sans doute dire que je suis chôm(aut)eur…

Bref, je suis quelqu’un qui, aujourd’hui, vit au jour le jour. J’ai, caché quelque part dans ma tête, l’idée de monter une petite entreprise, mais ça… advienne que pourra ! Et puis… sait-on jamais, si par un étrange hasard 300 000 lecteurs se bousculent pour mes romans un de ces jours, je reverrai sans doute mes plans, ne crois-tu pas ? :D


Aely Nah :
Ouah en fait avec toi,Gabriel chaque réponse est comme une nouvelle particulière ;)
Pleine de réponses, d'autres questions en suspens et d'aventure .
Je vais donc bien réfléchir à lui suite à donner à "mon" épisode lol et revenir ensuite te mettre au pilori :p

Re Aely :))
Euh pourquoi Gabriel alors que c'est Grégory?????? fantasme? délire de lectrice?
du coup question lol
Grégory comment un auteur choisit-il les noms de ses personnages? sur quelles bases? et ceux de son monde, villes, religions ou autres??? cela a-t-il un certain sens et une certaine logique personnelle ou juste parce que c'est venu et que ça plaisait??


Grégory :

Bonjour Aely,

Il est vrai que si l’on change seulement six lettres à Grégory, ça donne Gabriel ! :D
Mais je vois que tu sais retomber sur tes pattes !

Pour ce qui est du nom de mes personnages, il n’y a (pour moi en tout cas), pas vraiment de critère. Je ne choisis pas forcément un prénom ou un nom parce qu’il sonne bien. J’essaie de faire un peu comme dans la vie réelle : c’est à dire donner des noms de famille un peu au hasard. On ne choisit généralement pas son nom de famille à la naissance :D

La seule logique que j’applique dans mon roman, (tant pour les prénoms, noms de famille, noms de ville, de province, de royaume, etc.) c’est celle des consonances qui diffèrent en fonction de la géographie ou de l’origine géographique. Ainsi, le royaume de Castlewing a des consonances anglaises, Méronne des consonances plutôt greco-romaines (et même gauloises avec ces suffixes –ac qui trainent un peu partout : Soriac, Drandillac, qui dérivent de « -acum » définissant un lieu, l’emplacement d’une villa gallo-romaine, notamment très utilisé en Languedoc, région où je vis, comme par hasard ! :D)

Pour ce qui est de la religion, le choc qu’ont subi les civilisations est celui du Syncrétisme (explosion des trois planètes et fusion en une seule terre plate). Ainsi, j’ai pris de le radical « syncr » que j’utilise pour désigner un prêtre ou prêtresse (= syncre, syncresse), un pontife ( = archisyncre), la religion elle-même ( = Syncrésie), les croyants ( = syncrésiens). Comme il y a un parallèle évident avec le christianisme, je me suis même permis de renommer Chrétien de Troyes en Syncrésien de Tricassium (Tricassium étant le nom gaulois de l’actuelle ville de Troyes, en Champagne Ardenne, région où je suis né, comme par hasard :D). Le choix des noms peut donc aussi être un petit jeu de piste pour le lecteur, ou une simple référence, un bref hommage, une petite folie (Folie que seul l’auteur peut parfois comprendre, tant tout fini déformé… ! :D).

Je dirais donc que je choisis les noms surtout en fonction des lieux et de la culture que je veux retranscrire. Et, surtout, je ne m‘interdis pas les noms disgracieux (comme peut en attester ce pauvre Rodenteux…).




Licorne :

Re-bonjour Gregory ! Merci de ta première réponse (je passe au tutoiement, on se connait un peu mieux maintenant), en tous les cas tu manies bien les différences de style, et je suis curieuse déjà de connaitre la facette “pure” de ton écriture. J’ai lu avec intérêt ton parcours, tu parles beaucoup de chance, mais tu oublies le talent, et Mnémos n’est pas passé à côté ! ;) Ton histoire est un rêve les yeux grands ouverts, et ça donne de l’espoir aux jeunes auteurs !
J’aimerai savoir s’il y a un genre autre que la fantasy dans lequel tu comptes t’aventurer un jour ?

Tout jeune écrivain que tu es, as tu peut-être déjà des habitudes lorsque tu écris, un rituel ? peux tu écrire n’importe où ? dois tu te mettre en condition particulière ?

Merci d’avance ;)

Grégory :

Bonjour Licorne,


Tutoyons-nous, tu as raison !
Est-ce que je souhaite m’aventurer dans d’autres genres que celui de la fantasy ? La question reste entière.

Concernant Sénéchal, je savais bien que je voulais écrire de la fantasy. Pourtant, lors de la rédaction des 100 premières pages du 1er tome, alors que la magie n’apparaissait pas encore, je me suis sincèrement demandé s’il n’était pas préférable de tout revoir, de tout changer, et d’écrire un roman historique, ou du moins, un roman avec des personnages fictifs mais prenant place dans un cadre historique réel.
Ce qui me pousse vers cette petite réflexion : je pense qu’il arrive parfois qu’un auteur, lorsqu’il commence à gribouiller sa petite histoire, ne sait pas véritablement dans quel genre il pourra classer son roman une fois terminé. Il peut le découvrir vers la fin, lorsque l’histoire a pris une tournure à laquelle il ne s’attendait peut-être pas au début. Par exemple, j’ai constaté que mon roman était catégorisé comme étant de la dark fantasy / fantasy historique lorsque sont tombées les premières critiques. Personnellement, je ne m’étais pas posé la question. C’est dire à quel point j’ignorais moi-même ce que j’avais fait, du moins en ce qui concerne les genre et sous-genres.
Par conséquent, je dirais que tout part de l’histoire que l’on a à raconter, plus que du cadre dans lequel on veut la raconter. On la déroule, on lui fait prendre des virages, on la conclue, et c’est une fois achevée que l’on peut prendre du recul et être certain de ce que l’on a vraiment fait. Il existe quelques romans qui, prenant place dans un cadre fantasy, ont dérivé vers la SF (Javier Negrete, par exemple, avec ses Chroniques de Tramorée, Regis Goddyn, il me semble, avec le Sang des 7 rois). Comment les classe-t-on ? Leurs auteurs se sont-ils vraiment posés la question ?
Ainsi, j’en arrive à cette conclusion (qui n’est pas inscrite dans le marbre, mais qui s’applique en tout cas pour moi) : j’ai une histoire, je la déroule, je lui fais prendre des virages de gauche et de droite, et je vois ce qu’elle donne à la fin. De fait, si l’histoire qui m’est venue en tête s’avère relever plus de la littérature générale, du roman historique, de l’horreur, du polar ou autre, que de la fantasy pure, qu’importe ! tant qu’elle m’inspire et me fait écrire. Ainsi, je ne suis pas à l’abri de changer de genre, car cela dépendra bien plus de l’histoire que j’ai à raconter que de ma volonté d’écrire dans tel ou tel registre.
Pour autant, j’ai un faible indéniable pour la fantasy. L’univers que je crée s’y inscrit, et tant que j’aurai de quoi le développer, j’y resterai (Quoique, même pour l’univers en question, j’ai en ce moment des pistes d’évolution qui pourraient bien le faire changer de bord plus tard…). Mais j’ai également d’autres idées qui, elles, n’ont pas nécessairement besoin du genre qu’est la fantasy pour se développer. J’ai déjà écrit quelques petites nouvelles sur un tueur en série, d’autres sur une enfant autiste, une autre encore sur la jeunesse homosexuelle montpelliéraine et ses folles soirées (Sexe, drogue et éléctro), une autre sur l’enfance et, plus précisément, sur le deuil que l’on doit faire de cette enfance si l’on veut avancer.
Bref, autant dire que je n’ai pas de projet fixe (si ce n’est le prochain roman après Sénéchal qui se dessine de plus en plus, et qui sera de la fantasy) et je laisse mes envies me surprendre. Je dirais même, je laisse SURTOUT mes envies me surprendre. Si je ne suis pas surpris moi-même, je n’arrive pas à écrire.


Parlons à présent de mes rituels.
J’en ai eu. Je n’en ai plus.

J’en ai eu pour le premier tome de Sénéchal. Il me fallait de la musique (souvent des musiques de film, tantôt épiques, tantôt dramatiques, parfois des musiques classiques, ou même de l’électro – ce qui, ma foi, en premier lieu, ne semble pas concorder avec le contexte de Sénéchal, et pourtant…). Il me fallait aussi du café ou du thé à disposition (des tasses, et des tasses, et des tasses !), un endroit de préférence clos et pas âme qui vive. Mais ce qu’il me fallait surtout, c’étaient 5 à 6 heures de disponibilité devant moi (car j’écrivais alors par longue phase, presque à l’état de transe (et je n’exagère qu’à peine. La scène du grand œctuaire Saint-Avelor, avec les morts qui se relèvent et dévorent les syncraliers, fut écrite ainsi). Ce qui fait, bien sûr, que le 1er tome a été très long à écrire, car j’avais rarement ces 5/6 heures devant moi. J’étais à l’époque Employé Polyvalent de Libre Service chez Carrefour, je n’avais donc pas de week-end. J’étais en plus de cela formé en parallèle pour devenir adjoint responsable, donc je ne comptais assurément pas mes heures de travail qui pouvaient aller de 6h du matin jusqu’à 22h le soir, parfois non-stop. Formation qui n’a malheureusement jamais aboutie, mais… bref... ! Le 1er tome de Sénéchal a donc mis 3 bonnes années avant d’être achevé.

Le 2e tome, en revanche, a été écrit dans un contexte complètement différent. J’avais beaucoup plus de temps « disponible » (même en ayant par la suite un travail en tant qu’assistant d’éducation), mais aussi et surtout, j’avais à présent un contrat d’édition ! Ce qui, certes, apporte de la joie, mais aussi beaucoup de stress, qu’on se le dise ! J’ai alors découvert que mes rituels ne me servaient plus à rien, qu’ils ne fonctionnaient tout simplement plus ! Il y a eu un gros moment de flottement pendant lequel il a fallu que j’apprivoise de nouveau le roman. Mon rapport à lui, à l’intrigue, à la plume, et surtout aux personnages, qui avait complètement changé. Je ne le voyais plus seulement comme une passion, mais aussi comme un travail. Ça m’a bloqué pendant un certain temps, essayant tant que mal de récréer ce climat si propice à l’écriture. Mais j’ai rapidement compris que mes rituels, au lieu de me créer une bulle de confort, me parasitaient, et ne servaient qu’à me trouver une excuse absurde m’empêchant d’écrire. Je perdais tant de temps à préparer mon thé ou mon café (plus de 10 tasses dans la journée), mes bouteilles d’eau (au moins deux près du PC), à trouver mon lieu d’isolement total, à chercher LA musique qui collerait au ton du chapitre en cours (et je pouvais mettre facilement 45min – 1h avant de dénicher la bonne musique, bref ! je perdais tant de temps à me persuader qu’il me fallait tout ça, et donc à tout préparer, que le moindre désagrément me bloquait, là, face la page blanche. J’ai donc appris à travailler autrement. Dès que l’envie vient, je me mets face au PC, et écris, même 20 minutes. J’arrête, je fais autre chose. Je vais me balader. Je reprends 1 heure. J’arrête, je lis un livre. Je reprends 25 minutes. Finies les 5-6 heures de transe folle. A la place, sont venues les phases d’écriture à répétition, certes brèves, mais plus rapprochées dans le temps. Finie aussi la recherche incessante d’endroits clos, sans bruit et sans être vivant. J’écris n’importe où. Sur le canapé alors que les beaux-parents sont en train de s’entraîner à la guitare juste devant, avec son lot de fausses notes. Par terre, alors que je cherchais simplement le chargeur de mon PC qui n’avait bientôt plus de batterie. Bien sûr, il y a toujours quelques lieux et instants idylliques (dernièrement, c’était devant le poêle de la maison, entouré de bougies dans une ambiance chaleureuse, ou sur la terrasse, face à la vigne, parce que la météo de novembre est encore douce par chez moi), mais je n’en fais plus ma condition sine qua non.

Voilà, Licorne, j’ai encore digressé ! Mais au moins, tu sais tout (ou presque) :D